Cette citation fait partie de celles, nombreuses, qui m’ont permis d’identifier la sensibilité ésotérique de Shakespeare. Paul Arnold tisse une analyse poussée de l’œuvre du poète dans son livre Esotérisme de Shakespeare. En l’occurrence, il parle de grâce, ce que l’on peut à la fois associer à l’élégance, la délicatesse mais aussi à la grâce divine, donc à la connexion avec l’invisible. Dans tous les cas, la grâce est quelque chose d’insaisissable, quelque chose qui émane de nous et qui est immatériel, même si cela peut être le fruit d’un ensemble d’éléments tangibles, comme la démarche, la manière de s’habiller, la façon dont on se met en valeur. Le parfum, en cela, s’inscrit dans cette dynamique. Il est composé d’éléments concrets, réels, comme ” les herbes, les plantes”, justement. On peut le transporter dans un flacon et appliquer sa substance sur la peau, mais ensuite, la fragrance qui s’en échappe est immatérielle et invisible. Elle peut permettre de tisser des liens entre les gens.
Je me souviens d’une fille que je rencontrais pour la première fois au lycée et elle m’a spontanément dit ” Tu sens bon”. Nous étions en fin d’année, elle venait de saluer un ami commun. À la rentrée, nous étions dans la même classe, elle se souvenait de moi et nous nous sommes toujours bien entendues.
Je me souviens aussi d’un jour, au collège, où une fille cherchait à identifier d’où venait une odeur agréable, elle s’est approchée de chaque personne du groupe pour me dire finalement ” c’est toi”. Pourtant, je n’avais pas mis de parfum. J’étais flattée. De la même manière, dans Les mains sales, de Sartre, le patron du héros flirte avec la femme de ce dernier. Il lui dit qu’elle sent bon et doit donc éviter de mettre ce parfum à l’avenir, mais elle lui répond qu’elle n’en a pas mis. Ainsi, l’odeur corporelle est importante, d’où la nécessité de trouver un parfum qui se marie bien avec elle. Cela me conforte dans la perspective de créer des produits naturels, à base de plantes et d’huiles essentielles.
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