Cette citation de V pour Vendetta me rappelle, à l’instar de l’héroïne, un homme que j’ai mis du temps à oublier, émotionnellement parlant. Cet homme, je l’ai rencontré à Nancy en 2008, il tenait une librairie spécialisée et possédait, un peu comme V, un talent pour l’éloquence qui générait de la fascination. Soit les gens l’adoraient, soient ils le prenaient en grippe directement.
Personnellement, j’ai eu une sorte de coup de foudre pour lui, du haut de mes dix-huit ans. Je sortais d’une relation avec un homme violent, je ne mesurais pas ce que j’avais vécu. L’homme pour qui j’ai développé cette attirance était déjà pris. Honnêtement, même si ce n’était pas dans mes valeurs, cela ne m’a pas empêchée d’espérer que la situation change. J’ai fini par renoncer, mais un conflit avec lui m’a fait beaucoup de mal.
J’ai pris mes distances. Malgré tout, les circonstances m’ont amenée à nourrir le sentiment d’être restée sur un problème non résolu. J’ai fini par revenir vers lui et lui dire ” Oui, j’insiste, oui, je passe pour une folle, mais toi, tu me maintiens dans une impasse. S’il n’y a rien de ton côté, qu’est-ce qui t’empêche de me le dire?” J’ai manifesté une telle colère et une telle détermination pour avoir le fin mot de l’histoire qu’il m’a répondu.
Dans un premier temps, quand il m’a dit qu’il était très amoureux de sa femme, qu’il avait effectivement épousée depuis le temps, j’en ai éprouvé du soulagement. Néanmoins, ensuite, il m’a dit qu’on n’avait jamais été amis. Cela, en revanche, m’a vexée. Donc, je me suis dit ” J’ai ressenti quoi, au juste?”
Finalement, je n’aimais pas vraiment cet homme. Ce que l’on peut tirer de cette histoire, c’est qu’il vaut mieux désamorcer ses émotions en communiquant sur ses ressentis avec la personne en face, avant que cela ne devienne ingérable. C’est difficile de ne pas avoir peur du conflit et du rejet, mais les non-dits génèrent un flot émotionnel qui finit par se transformer en un torrent incontrôlable.
Dans un premier temps, admettre qu’une situation ne nous plaît pas et identifier les red flags est un premier pas, même si on ne le dit pas à voix haute. Ensuite, on peut commencer à communiquer dessus, même maladroitement. Utiliser un mot plutôt qu’un autre permet de mieux faire passer le message, développer une vision d’ensemble aussi, en prenant en compte les deux parties. On maîtrise mieux ses interactions ainsi. Cela permet de mieux savoir à qui on a affaire, entre personnes matures et mesurées, et personnes plus arbitraires. Cela permet aussi de ne pas rester sur des idées, sur des ” et si”, pour pouvoir embrasser la réalité plus paisiblement.
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